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Nomie's Books
25 août 2009

Du vent dans mes mollets

Un gros point d'interrogation. C'est une BD mais vous allez comprendre pourquoi je mets ce titre dans la catégorie des "Inclassables".

duventdansmesmollets

Une préface de 13 lignes sans ponctuation sauf un point final, pas de pagination, une typographie pas agréable à lire voire illisible si bien qu'on a parfois du mal à distinguer l'accent circonflexe de certaines lettres, et un vocabulaire placé dans la bouche d'une fillette de neuf ans des plus grossiers...

Je conçois que les enfants ont aujourd'hui un parler plus relâché mais cette caricature là m'a énormément gênée dans ma lecture. C'est dommage que cette vulgarité éclipse les quelques "pépites" présentes dans l'ouvrage, pépites, de surcroît, perdues dans la myriade d'élements superflus qui jalonnent l'histoire.

C'est bien dommage parce qu'elle aurait pu être intéressante : Rachel est en proie à la confusion de ses sentiments. Elle va découvrir la brutalité de la vie, par l'expérience, notamment, du caractère foudroyant de la mort lorsque sa meilleure amie, du même âge qu'elle, décède. L'originalité de l'histoire réside dans le fait que chacun des personnages présents dans le quotidien de cette gamine va être mangé à la même sauce et... décapante la sauce ! Mais la grossierté employée ne sert ni le sujet, ni la rare originalité du texte. Je ne suis pas contre (au contraire !) l'humour corrosif, mais là il est vraiment question de mauvais goût.

Je ne serai, néanmoins, pas aussi catégorique au sujet des illustrations car je trouve que se sont elles qui portent l'histoire. Si elles n'avaient pas été là, je n'aurais pas lu l'ouvrage jusqu'à la fin (Peut-être comprendrez-vous pourquoi avec un petit florilège de grossiertés qui vous attend un peu plus bas...)

Les images fourmillent, en effet, de détails. Et si on prend le temps d'observer ces derniers, on se rend compte que chacun entre en résonance avec les autres et/ou le texte. J'irai donc même encore plus loin en affirmant que la narrativité est bien plus intéressante et...intelligible (!) à travers les illustrations.

Bon j'arrête de m'en prendre au texte et vais me poser une question : peut-être que cela est dû au fait qu'il s'agit d'une adaptation d'une pièce de théâtre écrite par Raphaële Moussafir (auteur de ce même livre) ? Il est fort probable que ce soit le cas (cf.http://www.buzz-litteraire.com/index.php?2006/08/15/260-raphaelle-moussafir-du-vent-dans-mes-mollets-intervista-luc-besson). Je déplore grandement qu'aucune mention ne soit faite à ce sujet dans le livre. Cela permettrait au lecteur d'identifier le contexte de production du texte au moment de son premier contact sous sa forme BD. Je me suis renseignée a posteriori et c'est ce qui m'a permis de revoir la virulence de mes propos à la baisse et de tenter de les relativiser.

Mais pour autant, et même si je sais que chacun est sensible à sa manière à tel ou tel humour, je reste choquée par la langue employée. En fait, je vais préciser ma pensée : choquée par la langue employée oui, mais encore plus mal à l'aise avec le caractère peu lucide de certaines choses que l'on fait dire ou entendre à ce personnage de 9 ans.

Extraits :

"Au début, maman m'avait laissé me baigner toute seule en me faisant promettre de me savonner bien partout. Elle m'a fait confiance. Jusqu'au jour où elle a voulu sentir derrière mes oreilles. Là j'ai vraiment crû que maman allait tomber dans les patates !

(la mère) :  QUELLE HORREUR !!! C'est plein de putréfaction ! On pourrait faire du fromage avec ! " (Notez comme c'est fin...) "Tiens Michel, tu tombes bien ! Tu te souviens de la petite Cunégonde qui était sotte et qui avait des vers plein les oreilles, tellement elle était sale ?!

(le père) : ah mais oui, celle à qui on a dû couper les oreilles d'ailleurs, non ??! (...) C'était affreux, un vrai carnage !!! Du sang partout !

(la mère) : et les oreilles sur le parquet..." (sans commentaires...)

Et un autre exemple tout aussi éloquent (La nounou de Rachel, Sonia, lui mord les fesses. Quelle invention ! D'autant que ça n'apporte rien à l'histoire) :

"Mais Madame Trebla (la psy), j'ai déjà essayé de lui dire gentiment à Sonia : arrête de me mordre le cul, Sonia, j'aime pas ça !"

En bref, vous l'aurez compris, je suis partagée entre une illustration qui dans la finesse et la cohérence de ce qu'elle exprime arrive presque à rendre cette petite fille au caractère ingrat, attachante et un texte qui m'a dérangé, qui demande plus, effectivement, à être mis en scène qu'à être lu.

Dernier petit bémol : je regrette que la première de couverture ne reflète pas la richesse du graphisme de l'ouvrage. Les traits ne sont pas les mêmes et le caractère rigolo ne transparaît que s'il on remarque le petit dessin enfantin de l'ange, à coté du visage de la fillette masquée. Je vous suggère quand même chaleureusement d'aller jeter un coup d'oeil au blog de l'illustratrice, qui m'a conquise par l'humour et l'expressivité de ses illsutrations.  http://mamzellerouge.canalblog.com

Du vent dans mes mollets, Raphaële Moussafir, Mam'zelle Roüge, éd. Intervista, 2009, ? pages (pas envie de compter !), 16,50 euros, ISBN13 : 978-2357560178

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