Léna et la vraie vie

J'aime beaucoup ce roman.

Léna est une jeune fille qui décide de faire son lycée en internat. Transparente aux yeux de ses parents, en tous cas aux yeux de sa mère, elle est plutôt chétive et naïve.

La séparation n'est pas sans souffrances car elle tient beaucoup à son père avec qui elle sent que le dialogue est possible. Mais elle se sent de trop, de trop dans cette famille aux préoccupation futiles, de trop dans l'esprit de ses parents, de trop dans cet appartement, de trop dans sa propre vie tout court.

L'internat va la confronter à la méchanceté des filles et à leurs injustices (qui sont les championnes en crêpage de chignons ; moins franches que les garçons le caractère insidieux de certaines est très bien traduit ici), lui faire faire l'expérience de l'hypocrisie et la faire gagner en maturité. Elle vient d'entrer dans un milieu hostile. L'une de ses camarades est une vraie peste, à la limite de la schizophrénie, tour à tour jalouse et dépendante de Léna, comme si sa vie dépendait de son amitié. Des mensonges et encore des mensonges. Qui vont éclater au doux visage de Léna. Son apprentissage : apprendre à se blinder et à ne pas se laisser toucher ni à riposter de manière identique. Trouver une alternative qui corresponde à son éthique.

Inconditionnelle d'Antigone, nous suivons Léna au bout de son expérience, à travers son journal intime, au rythme de quelques citations cathartiques. Ce texte d'Anouilh, qui pousse Léna à se dépasser, nous est rapporté avec force. Il constitue le fil d'Ariane du livre et celui que suit Léna pour puiser sa force au fur et à mesure de sa découverte de l'adolescence.

Une écriture qui joue entre tension et finesse. Qui appuie le fait que l'on peut être réservé et timide sans pour autant se laisser marcher sur les pieds.

Léna et la vraie vie, Yaël Hassan, éd. Seuil, coll. Karactère(s), 2007, 108 pages, 7,50 euros, ISBN 13 : 978-2020963930