La vie, en gros

Ben sait qu'il est gros. Pourtant, lorsque l'infirmière scolaire lui annonce qu'il est en état d'obésité niveau 2 et qu'à son âge ce n'est pas normal du tout, il ne réalise pas. Il ressent de la colère d'abord puis de la honte. Du dégoût puis la nécessité d'une décision. Amoureux invétéré de nourriture (il en parle avec une poésie passionnée), il a le projet d'ouvrir un restaurant dans le village où il partait en vacances avec ses parents. Nostalgique de ces moments de petit garçon, il se perd dans le passé autant que dans ses kilos. Le regard des autres le sidère. Son meilleur ami est maigre. Il est lui aussi complexé. Mais la différence c'est que contrairement à Ben, on ne le juge pas : maigrir c'est juste une question de volonté, se disent les autres. Alors si Ben est gros, c'est de sa faute. D'ailleurs pour lui manger, c'est la raison de notre présence sur Terre. Rien d'autre ne vaut vraiment le coup d'être vécu... A moins de découvrir qu'on a le coeur...gros comme ça !

Un père qui vit avec une autre femme, une mère déprimée, de jolies filles inaccessibles, un professeur de sport moqueur, limite tyrannique... Ben va, peu à peu, prendre des chemins dangereux.

Un superbe roman, sensible où le mélange de sentiments contradictoires est tout à fait bien restitué : Ben vogue entre désir de plaire, fierté de perdre et délectation des papilles, regret, dégoût et lâcher-prise.

Un texte qui m'a troublée parce que criant de vérité. A lire sans modération !

A noter que cet ouvrage a reçu une belle liste de prix depuis sa sortie en 2001 aux éditions Thierry Magnier et maintenant publié chez Folio.

La vie, en gros, Mikaël Ollivier, éd. Folio Gallimard, 2010 (première éd. : Thierry Magnier, 2001), 5,10 euros, ISBN : 978-2070624478