L'oiseau de Mona

Mona, c'est cette petite fille qui fuit son pays en guerre et qui s'installe avec sa famille en France. La vie pourrait être plus légère et plus belle ici, où les gens sont paisibles qui n'ont pas cet oiseau noir qui la suit et qui grossit : elle n'a pas de papiers. A l'instar de l'image du nuage noir que l'on a tous l'impression d'avoir au dessus de la tête à un moment ou à un autre, cet oiseau est très envahissant et fait naître la peur et l'angoisse dans la vie quotidienne de cette petite fille de 8 ans.

Très sensible, cet album qui débute sur la description d'une vie normale, car Mona, aime beaucoup les dictées et beaucoup les maths, elle vit dans la cité des Fleurs, fait des concours de danse avec ces copines, nous montre comment cette petite fille n'est pas comme tout le monde à cause de cet oiseau noir que les autres n'ont pas.

Les illustrations de Sandra Poirot Cherif sont très justes et bien senties pour exprimer une narrativité qu'elle ne veut pas faire passer dans le texte. Par exemple, lorsque la petite partage son caractère singulier avec le lecteur ("J'ai un oiseau noir. Il me suit partout. Quoi que je fasse il est là."), le dessin montre un oiseau noir au bec crochu qui surplombe une toute petite fille. Dessin à coté duquel, est érite cette phrase en caractères enfantin, dans une écriture encore hésitante : "parfois , il est discret. Parfois il est très gros, il crie très fort ! et je ne peux plus réflechir à rien". On remarque aussi que la taille de la typographie exprime les différentes idées et sentiments exprimés dans cette phrase.

Et puis on apprend, qu'à l'école, elle n'est pas seule à avoir un oiseau noir : il y a Mauricio qui raconte des blagues rigolotes mais son oiseau à lui à l'air d'être encore plus gros que celui de Mona.

Dans sa famille aussi bien sûr il y aussi des oiseaux noirs. Son papa et sa maman en ont un qui doit peser bien lourd au dessus de leurs têtes. Ils habitent chez sa tante, et dorment avec Mona dans la même chambre.

La tante de Mona a de la chance : son oiseau s'est envolé lorsqu'elle a reçu les bons papiers dans l'enveloppe que le facteur a apportée un matin.

L'angoisse et la peur que l'on sent latentes le sont d'autant plus qu'elles sont ponctuées de moments joyeux, de moments où Mona et ses parents vivent comme tout le monde. Mais ce sont ces moments qui leur rappellent qu'ils ont les pieds ici et la tête là-bas.

Et puis un matin, Mauricio n'est plus à l'école. Et malgré la lettre que Juliette et Lisa ont fait signer aux parents, Mauricio n'est jamais revenu. Depuis Mona a peur que les gendarmes l'emmènent et l'envoient dans son pays où il y a la guerre, loin dans ce pays où elle n'aura plus ses copines.

Un jour, elle participe à un spectacle de danse où elle brille. Elle se sent voler et pense que "c'est [son] oiseau qui la porte". Une image réjouissante mais qui évoque pourtant le triste amalgame de l'élément extérieur qui gangrène le quotidien.

Et puis son petit frère vient au monde, son père la rassure, il est fier d'elle et il dit que "tout ira bien". Ce dont ne doute pas Mona...

L'oiseau de Mona, Sandra Poirot Chérif, éd. Rue du Monde, coll. Pas comme les autres, 2008, env. 40 pages, 13,50 euros, ISBN 13 : 978-2355040399

Comments

[nomie]

heureuse que mon commentaire te serve ! Bon courage et bonne visite !

[Julie]

merci pour ce commentaire qui m'a été d'une bonne aide. Je suis en train de préparer le concours de prof des écoles avec cet oeuvre en littérature jeunesse. C'est une oeuvre magnifique.

j'ai hâte de visiter tout ton site.